mercredi 29 août 2012

A la recherche d'un nouveau mode de vie collectif et solidaire en milieu rural

Retenez bien cette date du 22 septembre 2012, 
ce sera la fête chez nous,
 à l'éco-hameau de Cubières.

Nous vous invitons à un marché paysan et artisanal sur notre terre. (Si vous voulez présenter un stand contactez Ludovic : 06 68 48 83 95).

Nous ferons la visite, suivie le matin d'une conférence de Bob Laignelot sur l'habitat bio-climatique (architecte du CAUE).

L'après-midi Joan permaculteur habitué du lieu nous parlera de permaculture et le dimanche 23 sera l'occasion d'une journée pratique.

Samedi soir Maxence des oiseaux nous réjouira d'un conte accompagné de ses flûtes.

Vous pouvez consulter notre site : www.terredevieducinoble.org

Merci de faire circuler cette information sur vos réseaux.

mardi 28 août 2012

A la recherche de personnes: Maxime, berger au sein du GFA du Béarn



Un Groupement Foncier Agricole  est une structure d'achat collectif de terres agricoles. Le GFA du Béarn s'est constitué de manière militante, pour maintenir et installer des agriculteurs dans une zone de montagnes. Maxime bénéficie de cet engagement collectif. Si vous avez 50 euros pour acheter une part (ou de quoi acheter plusieurs parts!) lisez le compte-rendu de la dernière assemblée générale et osez participer, même de loin, à cette belle dynamique.

samedi 25 août 2012

jeudi 23 août 2012

A la recherche de lieux collectifs: Longo Maï

Un petit article à la marge de Médiapart annonce de nouvelles difficultés pour Radio Zinzine , la radio de la coopérative Longo Maï. ( faîtes-vous une idée en lisant la présentation dans Wikipédia, présentation qui aurait besoin d'être actualisée).
En voilà qui gens qui ne se contentent pas de parler... Le fonctionnement en autogestion, l'autonomie alimentaire et énergétique, la création d'emploi (voir www.filature-longomai.com), le sauvetage d'une école rurale, sans pour autant se replier sur son pré carré, moi je dis "Respect!"

mercredi 22 août 2012

A la recherche de personnes: "René de Nantes" et les Roms



"René de Nantes" s'appelle pour de vrai René Boiteau et voici ce qu'il m'a écrit :

" Ma publication sur la réalité humaine des Roms peut vous intéresser. Des voleurs... des menteurs... c'est devenu culturel tant ils n'ont pas le choix, ils sont "interdits" de travail en Roumanie comme en France (sauf si Manuel Valls réagit positivement aux sollicitations de Romeurope).
   Sans complaisance, je décris leur quotidien dans "Ces Roms autour de Nantes" .
  14€ à compte d'auteur (sujet pas commercial!) qui serviront à notre association pour des activités d'éducation auprès des jeunes et des enfants.
Mon point de vue : rien n'y fera, les Roms sont européens (ceux de Nantes sont roumains). Qu'on mette les hommes dans nos prisons, ça les fait réfléchir, mais le plus utile maintenant est de prendre en charge les enfants  roms pour préparer leur avenir dans l'Europe. Je démontre que c'est possible, c'est du 100% vécu."
   http://r.boiteau.pagesperso-orange.fr/cesromsautourdenantes.htm

J'ai commandé le livre, parce que cette démarche  auprès des enfants me semble être utile et nécessaire.

lundi 20 août 2012

A la recherche d'associations: Le mouvement des Colibris

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu...

Ce mouvement fédère tous ceux d'entre nous qui tentons d'éteindre l'incendie en cours, de lutter pour la vie quand le système économique en place détruit la vie.
Voyez le site http://www.colibris-lemouvement.org/ 
Et si un "Forum ouvert" s'organise près de chez vous: allez-y !


 Faites l'expérience d'une "gouvernance", d'une animation de groupe, originale. Pas de chef ni de leader, des individus qui s'expriment, qui proposent, qui se regroupent pour agir. Pour avoir participer à l'un de ces forums, je dirai que cela ouvre des perspectives: là où on est, là où on agit, il faut réfléchir à l'organisation de nos collectifs et associations pour mieux donner la parole à chacun. Et c'est la manière dont on pense l'organisation des rencontres qui va faire que soit on a un individu qui parle et les autres écoutent (ce qui n'est pas vraiment valorisant!) soit on a des individus qui s'expriment, posément, parce qu'il n'y a pas d'enjeu de pouvoir et que chacun se sent reconnu comme acteur.

samedi 18 août 2012

A la recherche d'Habitat collectif: La Terriade, lieu d'accueil, dans la Drôme



Je suis allée cette année, début juillet, faire un stage de yoga.


Nous étions un groupe qui a eu un peu de mal à se séparer, car il y avait quelque chose d'harmonieux entre nous. Sans doute en raison de cette pratique commune du yoga.

 Ce stage était accueilli à La Terriade , lieu acheté par un collectif de personnes qui y développe plusieurs activités (agricoles, artistiques, touristiques). Nous avons beaucoup apprécié leurs qualités humaines, et aussi ... la qualité des repas! Repas bios et végétariens, principalement constitués de produits locaux.
Nous étions à 1 100 m d'altitude, et nous avons pu apprécier l'environnement, faire quelques balades.



Pas de doute, c'est le Vercors!



Nous avons eu quelques velléités d'identifier la flore locale...Mais il aurait fallut prolonger le stage !

 

A la recherche de personnes: Vandana Shiva: une femme indienne combattive.



Grande voix du Sud contre la mondialisation libérale, prix Nobel alternatif 1993, Vandana Shiva a fondé en 1990 l'organisation Navdanya, qui milite pour la biodiversité, contre la brevetabilité du vivant. C'est-à-dire contre la confiscation du pouvoir des paysans de produire des semences à partir de leur récoltes, pour les semer l'année suivante. Confiscation au profit de quelques multinationales...

J'aime le parcours de cette femme, spécialiste de physique nucléaire, qui s'est engagée contre les projets de grands barrages, pour la défense des victimes de Bhopal (vous vous souvenez de cette catastrophe? ), et qui consacre maintenant toute son énergie à dénoncer l'insécurité alimentaire créée par cette mondialisation libérale qui oblige les agriculteurs du monde entier à acheter leurs semences.
Comme il y a encore beaucoup de paysans en Inde, elle y est une femme populaire.
En France hélas, nous sommes devenus une nation de consommateurs, donc moins sensible à ce qui se trame. Et pourtant...Le combat de Kokopelli, producteur rebelle de semences, attaqué en justice, désavoué par la Cour de justice de l'Union européenne, doit nous inquiéter: quelle agriculture voulons-nous? Quelle nourriture voulons-nous? Acceptons-nous que le patrimoine semencier passe aux mains d'intérêts privés? Qu'il serve à faire de l'argent, et non à nourrir les populations?

jeudi 16 août 2012

A la recherche d'événements: Festival de l'avenir au naturel




Bonjour,

Nous organisons en Isère le 1er week-end de septembre une manifestation dédiée à l'environnement et à l'agriculture biologique : le Festival de l'Avenir au Naturel dont ce sera la 16ème édition cette année.

Nous proposons notamment un programme de conférences-débats.

Vous trouverez un détail des programmes proposés sur http://www.enisere.asso.fr/?pageID=3

Cordialement

Sébastien Goguet



Festival de l'Avenir au Naturel
organisé par l'Association Espace Nature Isère
16ème édition : 1er et 2 septembre 2012
--
32, place du Souvenir français
38470 L'ALBENC
Tél/Fax : 04.76.36.50.10

mercredi 15 août 2012

A la recherche d'association: L'AMAP de Roch'Nature

Parmi les petites choses qui participent, à mon avis, à l'amélioration du monde, il y a l'existence des Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne. Cela fonctionne grâce à l'engagement des consommateurs qui paient à l'avance leur panier hebdomadaire, et qui se relaient pour remplir les paniers.


Ce mardi, c'est Claude et Jocelyne qui pèsent nos portions de légumes.


L'abonnement des "consomm'acteurs" sécurise la trésorerie du producteur, et cela amène les Amapiens à se retrouver chaque semaine lors de la distribution des paniers.

Légumes frais de saison: c'est bon pour notre santé.

Courgettes, carottes, tomates jaunes, melon, salade, poivron et aubergine dans le "panier duo" à 10 euros ce 14 août.



Production locale: c'est bon pour l'emploi!
François est l'un des trois maraîchers nouvellement installés dans les Monts d'Or.


L'association Roch'Nature  a pour vocation, entre autre, de ré-installer des paysans dans les Monts d'Or (au Nord Ouest de Lyon). Car, y avez-vous pensé, si les avions et les camions s'arrêtaient d'approvisionner nos magasins et nos marchés, ce pays n'aurait plus la capacité de nourrir sa population! Retrouver l'autonomie alimentaire de nos régions, c'est une urgence.

lundi 13 août 2012

J'ai pris ce matin mon courage à 2 mains et mon petit sac à dos pour explorer mon arrondissement. Direction cette partie du 9° arrondissement de Lyon que je connais fort peu : Saint-Rambert;
En une heure, par le chemin des contrebandiers, (dont vous devinez l'entrée sur la gauche, car il passe sous l'avenue des tirailleurs sénégalais), je suis descendue de la Duchère, remontée au Plateau de Saint Rambert et redescendue côté Saône dans le vieux Saint Rambert. C'était le matin, à l'heure où il ne fait pas encore trop chaud. Promenade pleine de belles découvertes: maisons avec verger, vieux arbres dans de grands parcs, et le vieux Saint-Rambert qui nous rappelle les siècles passés, avec ses maisons basses et son église.


Pourquoi aller loin en voiture tant qu'on n'a pas fini de découvrir tout ce qui est à portée de nos pieds?

A la recherche de lieux: Escale des saveurs









Au numéro 5 de la Grande rue de Saint Rambert, Omar a créé l'Escale des saveurs.
                                                                         

 Salon de thé, épicerie solidaire, produits bios...
J' y ai bu un thé au gingembre (1,40 euro).
 Le mardi et le vendredi, on peut y manger un couscous, 
et lundi et jeudi, c'est pastilla avec salade berbère.
Renseignez-vous au 06 09 63 16 18.

Un lieu à connaître et faire connaître.

dimanche 12 août 2012

A la recherche de médias: Kaizen: magazine du mouvement "Les Colibris"

Drôle de nom n'est-ce pas?
C'est celui d'un nouveau magazine dont j'ai sous les yeux le numéro 3, celui de juillet-août. Trouvé en faisant quelques achats dans un magasin Biocoop.
" Kaizen késaco? 
Kaizen est un mot japonais qui signifie "changement bon". Mais c'est également une méthode: celle du changement par les petits pas". 
Tout est dit n'est-ce pas sur l'objectif de ce bimestriel qui coûte 5,90 et dont je vous recommande la lecture.
Au sommaire:
Dossier: L'école, à quoi ça sert?
Portfolio: Océan, dernier espace sauvage
Entretien: Michel Onfray: antispécisme. (Cette approche part du principe que rien ne justifie l'exploitation des animaux par les humains "de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines")
Et ...Si on faisait un compost collectif (Clin d'oeil à quelques voisins avec qui nous faisons effectivement un compost!)
Mais ce n'est pas tout: il y a aussi quelques recettes de cuisine végétarienne et de saison (fleurs et baies de sureau noir)
Et  en dernière page la chronique de Pierre Rabhi: "de la peur de l'échec à l'enthousiasme d'apprendre".


mercredi 8 août 2012

Réflexion sur la démocratie


Chris Marker-Cornelius Castoriadis : une leçon de démocratie

| Par La rédaction de Mediapart

L'invention grecque de la démocratie directe

Comme c'est long, vous pouvez faire une première lecture des textes mis en gras. Une sorte de résumé.

Retranscription de l'entretien vidéo entre Chris Marker et Cornélius Castoriadis

Il y a d’abord le mot lui-même : démocratie, démos, Kratos. Kratos veut dire le pouvoir, démos c’est le peuple, donc la démocratie, c’est le pouvoir du peuple. Ça veut dire déjà, dans la conception grecque, que ça n’est bien entendu pas le pouvoir d’une oligarchie. Ça veut dire aussi que le peuple exerce lui-même le pouvoir.  C’est-à-dire, c’est une démocratie directe. Comment il l’exerce à Athènes par exemple ?
Il l’exerce parce qu’il pose lui-même les lois. Toute loi est votée par l’assemblée, l’ecclésia, l’église, l’assemblée. Chez les Chrétiens, c’est les fidèles, là, c’est l’assemblée du peuple, et ces lois sont votées avec la clause fantastique : « Il a semblé bon au démos et la Boulé », c’est-à-dire au peuple et au Conseil. On ne dit pas que c’est la vérité absolue, que c’est Dieu qui a donné les tables de la loi, on dit : en ce moment-ci, les Athéniens ont cru bon de voter cette loi. Ce qui veut dire que, cinq ou dix ou vingt ans plus tard, on peut la changer.
Et puis, la démocratie est exercée par le fait que les tribunaux ne sont pas composés par des juges professionnels. Les juges sont tirés au sort. Il y a un système extrêmement compliqué qu’Aristote décrit dans La Constitution des Athéniens : pour qu’il n’y ait pas de tricherie possible et pour que tout le monde ait des chances égales de participer à ces tribunaux. Donc ce sont les tribunaux populaires qui jugent toujours, selon les lois bien sûr, et puis il y a bien entendu des magistrats.
Ces magistrats, on peut les classer en deux catégories : il y a des magistrats qui représentent en un sens la cité, la polis, et ces magistrats-là sont tirés au sort parmi tous les citoyens, puisque tout citoyen est supposé être également capable que tout autre de représenter la polis et d’exercer la fonction de magistrat.
 Et puis, il y a certains offices, certains postes, dont les Athéniens considèrent qu’ils impliquent, pour leur exercice, un savoir spécifique, c’est-à-dire une techné, c’est l’un des sens du mot techné, et là, il n’est pas question de tirer au sort, on élit ; parce que l’élection, comme le pensent les Athéniens, ils le disent, comme le dira aussi Aristote : l’élection est évidemment un principe aristocratique. Aristos, c’est le meilleur. Quand on élit, on élit les meilleurs. Il n’y a pas de députés qui se présentent aux gens en disant : élisez-moi, je suis le pire. Je suis le meilleur. Et ça vaut pour des domaines où il y a un savoir spécifique. Par exemple, si on veut construire des bateaux, on élit un magistrat responsable pour cette construction de bateau ou pour la construction d’une muraille et on élit 10 stratèges. C’est-à-dire dix chefs de guerre parmi les gens qui sont supposés s’y connaître le mieux dans ces affaires-là. Ces postes-là sont électifs, mais ceux qui sont élus peuvent toujours être révoqués d’une certaine façon. C’est-à-dire qu’un citoyen peut engager une procédure en disant : Périclès a violé la loi en faisant telle ou telle chose et le tribunal décide.
Or ça, c’est la conception de la démocratie qui a été créée là et qui va de pair avec ce qu’il faut bien appeler la création de la politique, au sens profond du terme. La politique, dans la conception grecque, n’est pas uniquement, pas du tout même, les intrigues sur un pouvoir qui existe. Ça a existé toujours chez les Chinois, les Indiens, chez les Aztèques. Il y a un roi ou il y a des prêtres, il y a des intrigues, et puis il y a la question : comment gérer le pouvoir ? La politique chez les Grecs, c’est comment faut-il instituer la société ? C’est-à-dire quelle est la bonne société, la juste société et par quelles institutions cette bonne, juste société peut s’incarner ? Et la réponse démocratique, c’est que ce n’est que le peuple qui doit vivre sous ces lois qui peut décider de quelles sont les meilleures lois.
Donc ça, c’est la liaison avec la politique qui conduit tout de suite à la liaison avec la philosophie. On en parlera peut-être tout à l’heure. Mais qui aussi conduit, par opposition aux Modernes, et alors là c’est un problème énorme, à l’opposition entre la démocratie directe et ce que les Modernes ont inventé comme démocratie représentative.
Chez les Grecs, il n’y a pas l’idée de la représentation. Encore une fois, personne ne dit que tout le monde peut décider à tout moment de toute chose. Ou bien il y a des spécialistes, ou bien il y a des magistrats. Mais il y a des magistrats qui ne sont pas des représentants au sens que le peuple a dit : on leur délègue tout pouvoir pendant une certaine période comme nous faisons. C’est simplement des émanations de la cité qui l’incarnent à certains égards et pour certaines fonctions.
Chez les Modernes, l’idée de la démocratie représentative va de pair avec ce qu’il faut bien appeler une aliénation du pouvoir, une auto-expropriation du pouvoir, c’est-à-dire la population dit : « Pendant cinq ans, je n’ai rien à faire sur le plan politique, j’ai choisi 548 personnes qui vont s’occuper de mes affaires, dans le cadre de la Constitution, avec certaines garanties, etc. » Le résultat, c’est que pendant ces cinq ans, les citoyens ne sont pas actifs, ils sont passifs. Et même le jour des élections, mais ça c’est une autre discussion, de quoi peuvent-ils décider ? On leur présente deux personnages ou deux partis, et toutes les options qui vont apparaître pendant ces élections-là sont déjà prédéterminées, bien entendu, par la situation créée pendant les cinq années précédentes. Il y a là une énorme différence. Et il y a une autre différence qui est dans la conception des Athéniens, des cités démocratiques en Grèce, c’est qu’il n’y a pas d’État, à vrai dire. Et là, il faut peut-être faire, si on a le temps, une petite parenthèse. Les Modernes ne comprennent pas ça.
Aristote était un grand philosophe, mais qui a vécu après la grande période démocratique. Mais c’était un philosophe terriblement travailleur, précis, il avait créé une école et il a réuni à peu près 160 politeiai, c’est-à-dire constitutions des cités grecques et même de cités étrangères. Elles ont toutes été perdues, mais, vers 1880, on a trouvé sur un papyrus : la Constitution des Athéniens, Athenaiôn politeia. Or tous les philologues ont traduit le titre de ce livre — et dans la collection Budé, ça apparaît encore — par : La Constitution d’Athènes. Pour les Grecs, pour Aristote, pour Thucydide quand il écrit la guerre du Péloponnèse, quand ils parlent de l’entité politique que nous appellerions Athènes, ils ne parlent jamais d’Athènes. Athènes est une expression géographique. À tel moment, Alcibiade est parti d’Athènes ; mais les Athéniens, cet hiver-là, ont décidé, les Lacédémoniens ont décidé… C’est-à-dire, c’est le peuple lui-même qui est ce que nous appelons État, qui est le pouvoir politique. Alors que dans l’imaginaire politique moderne, nous ne sommes jamais sortis finalement de la conception qui a été créée par la monarchie absolue. C’est-à-dire qu’il y a le pouvoir quelque part, un monstre, le Léviathan, comme l’a dit Hobbes ; ce monstre, de temps en temps sort de sa grotte et demande dix mille jeunes gens et quarante mille jeunes filles pour les manger et cent mille personnes pour les tuer, il demande de l’argent et tout le reste. Nous ne pouvons rien à l’égard de ce monstre ; ce que nous pouvons faire, c’est placer autour de sa grotte des barricades en papier qui s’appellent les Constitutions, qui limitent les prérogatives de l’État. Et on peut le voir sur un point qui est très amusant, le problème de la délation.
Nous avons une conception de la délation : dénoncer quelqu’un, c’est quelque chose qui ne se fait pas. Déjà, ça commence à l’école : « Tu es un donneur. », etc. Actuellement, je ne sais pas quelle est la mentalité. Je pense que même un meurtrier, on ne le dénonce pas. Il y a un passage de Platon… Platon, lui aussi étant de la décadence, il vient après la démocratie, il hait la démocratie, il écrit de façon tout à fait calomniatrice, mais ce n’est pas le problème. Il discute dans un livre qui s’appelle Les lois et il veut régler la question de la délation en se demandant ce qu’est un délateur, qu’est ce qu’il peut ou doit faire. Il veut réglementer d’une certaine façon la délation et les philologues et philosophes modernes sont ahuris devant ce phénomène et les plus indulgents parmi eux disent : évidemment, comme à Athènes il n’y avait pas de tribunaux professionnels, il n’y avait pas de procureur, que les policiers étaient des esclaves, les policiers de la ville étaient des esclaves sous les ordres d’un magistrat qui, lui, était un citoyen, évidemment les Athéniens étaient obligés de recourir au fait que chaque citoyen pouvait dénoncer quelqu’un d’autre. Mais si on réfléchit, on peut voir toute la différence de la conception : ou bien les lois sont mes lois. Je les ai votées, même si j’étais minoritaire contre cette loi, mais j’accepte la règle démocratique. C’est-à-dire une loi qui a été votée, c’est notre loi. À la limite, si je n’en veux pas, je peux quitter la ville, sans demander l’autorisation de personne. Si les lois sont mes lois et si quelqu’un d’autre les transgresse, ça appartient aussi à moi, et pas à un corps professionnel spécialisé, de faire observer la loi. D’où le fait que tout citoyen athénien peut accuser n’importe qui d’autre d’avoir commis tel ou tel délit. Ceci qu’il s’agisse du droit criminel habituel, ou qu’il s’agisse, ce qui est le plus important d’ailleurs, de la sphère politique.
Chez nous, qu’est-ce qui se passe ? Nous avons encore la conception que la loi, ce n’est pas nous. Que la loi, c’est la loi du roi. En Angleterre, le procureur s’appelle toujours « l’avocat de la couronne ». Donc, c’est leur loi. Nous sommes toujours les serfs qui essayons de nous tirer de la réglementation imposée par le seigneur, par le roi, donc nous ne nous dénonçons pas entre nous, parce que, de toute façon, la loi, c’est la loi des autres. Moi, je ne plaide pas pour ou contre la délation, mais je veux montrer par là la différence entre deux conceptions de notre rapport à la loi, à l’application de la loi, à la transgression.
Depuis qu’il y a eu des grandes sociétés nationales aux XVIIe, XVIIIe… Peut-être une remarque préalable serait nécessaire. Moi, je ne dis évidemment pas que la cité des Athéniens, leur Constitution/institution de la cité est un modèle. Ce serait de la folie, non seulement à cause de la dimension physique, mais à cause d’une foule d’autres choses. Je dis simplement que c’est un germe. Nous pouvons nous inspirer de cela pour essayer de penser autrement notre relation à la loi, notre relation à la collectivité, notre relation au pouvoir.
Or, dans le domaine que nous discutons ce germe signifie quoi ? Combiné d’ailleurs avec l’expérience des temps modernes. C’est qu’à partir du moment où j’ai une représentation fixe et stable des représentants du peuple – ça Rousseau le savait déjà, il le dit : « les Anglais croient qu’ils sont libres parce qu’ils élisent leurs députés une fois tous les cinq ans. Ils sont libres un jour sur cinq ans », et même là, comme on le disait tout à l’heure, c’était trop concéder parce que ce jour-là, les jeux sont déjà joués. Nous ne pouvons évidemment pas penser qu’il peut y avoir une ecclésia, une église, de 55 millions de Français, ou des 35 millions, qui sont la majorité politique électorale, mais nous pouvons nous inspirer de l’idée de la démocratie directe et nous pouvons essayer de trouver des formes par lesquelles, d’abord au niveau local, au niveau de l’entreprise, au niveau des autres institutions, les gens s’autogouvernent et que toute délégation qui est faite vers des organes centraux reste sous le contrôle des populations.
De cela les temps modernes ont donné des exemples. Le mouvement ouvrier, les conseils ouvriers, les soviets avant qu’ils soient tout à fait dominés par le parti bolchevik, c’était cela. C’est-à-dire qu’il y avait une délégation échelonnée, si je peux dire, mais, où chaque échelon qui déléguait à l’échelon supérieur pouvait toujours révoquer ce qu’il avait délégué. Mais à mon avis, la difficulté principale avec les sociétés modernes n’est pas de trouver les formes qui garderaient et qui rénoveraient l’esprit de la démocratie directe. D’abord, nous ne pouvons pas les trouver ici, maintenant. Je veux dire créer des formes de démocratie qui ne soient pas aliénantes, où les gens participent dans la société moderne, ça ne peut être que l’œuvre du peuple entier et non pas d’un théoricien ou d’une artiste disant : voilà la recette, vous n’avez qu’à l’appliquer.
Mais par rapport à ce problème de la représentation, l’essentiel c’est quoi ? C’est que les citoyens anciens considéraient effectivement que la communauté, la polis était leur affaire. Ils se passionnaient pour ça. Les individus modernes, c’est là que le bât blesse, ne se passionnent pas. D’où d’ailleurs ce phénomène tout à fait caractéristique du monde moderne : nous avons de longues périodes de plus ou moins grande apathie politique pendant lesquelles les affaires communes sont gérées par les politiciens professionnels, et puis nous avons, de façon paroxystique, comme des crises, des révolutions. Parce qu’évidemment, les professionnels gérant le domaine politique ont été trop loin, ou ce qu’ils font ne correspond plus à ce que la société veut, la société ne peut pas trouver des canaux normaux pour exprimer sa volonté, on est donc obligé d’avoir une révolution. L’activité politique dans la société moderne ne peut se réaliser que sous cette forme paroxystique de crises qui surviennent tous les dix, vingt, quarante ans, etc. Alors que dans l’histoire de la cité des Athéniens, nous avons trois siècles, – je laisse de côté le IVe qui est pour moi, en effet, le siècle où la démocratie s’atrophie, disparaît, dégénère après la défaite de 404 et la guerre du Péloponnèse­ –, nous avons trois siècles où il y a des changements de régime, mais où, en tout cas, ces trois siècles sont caractérisés par la participation constante, permanente, des citoyens dans le corps politique. Ça ne veut pas dire du 100 %, mais les plus récentes études, celle de Finley par exemple, montrent que quand une affaire importante était discutée dans l’assemblée du peuple à Athènes, il y avait 15.000, 20.000 personnes sur 30.000 citoyens.
Il faut savoir ce que cela veut dire. Ça veut dire qu’il y avait des gens qui partaient à deux heures du matin du cap Sounion, de Laurion ou de Marathon pour être sur la Pnyx au moment du lever du soleil. Les Prytanes annonçaient que la délibération était ouverte. Et ils faisaient ça pour rien. Le salaire ecclésiastique a été introduit beaucoup plus tard. Ils perdaient une journée de travail, leur sommeil pour aller participer. Et ça, il faut l’opposer à une phrase, très bien dite, de Benjamin Constant, vers 1820, quand il oppose la démocratie chez les Modernes à la démocratie chez les Anciens, où il dit à peu près cela… Constant était un libéral, il était pour la démocratie représentative, pour le suffrage censitaire, il pensait que les ouvriers, étant donné leur occupation, ne pouvaient pas vraiment s’occuper de politique, donc il faut que les classes cultivées s’en occupent. Il dit que de toute façon pour nous autres, ce qui nous intéresse, nous autres, Modernes, n’est pas de participer aux affaires publiques. Tout ce que nous demandons à l’État c’est la garantie de nos jouissances. Cette phrase a été écrite pendant les premières années de la Restauration, il y a 160 ans, et elle dépeint tout à fait typiquement l’attitude moderne. Il demande à l’État la garantie de ses jouissances, c’est tout.

 

 Contre la science politique des prétendus professionnels

Permettez-moi de reprendre un mot que vous avez dit : ce n’est pas démos omniscient et sage. Et là, je vais faire une longue parenthèse. On est encore dans la mentalité des germes. Il y avait à Athènes une disposition que moi je trouve tout à fait extraordinaire, qui s’appelait graphé paranomôn (accusation d’illégalité). Le démos ne se considérait pas omniscient. Le démos pouvait voter une loi et ensuite un citoyen pouvait traîner devant les tribunaux la personne qui avait proposé cette loi en disant qu’il avait proposé une loi illégitime ou contraire à des lois plus fondamentales de la cité ou à l’ensemble de l’esprit de la Constitution. Le démos ne se considérait pas comme omniscient, il n’y avait pas ce que les Modernes appellent les divisions des pouvoirs. Il y avait le fait qu’avec cette procédure, en un sens le peuple pouvait faire appel de ses propres décisions devant une autre section de lui-même. Il faut imaginer qu’un jour, il y a l’ecclésia, le peuple et un habile orateur qui entraînent les gens dans un moment passionnel à voter quelque chose et ça devient une loi. C’est un des risques de la démocratie. Il n’est pas moindre d’ailleurs avec le Congrès ou le Parlement ou un Président de la République. Mais il y a le contrôle. La possibilité du contrôle. Le lendemain ou dix jours plus tard, un citoyen va devant un tribunal qui est tiré au sort et composé de 1.501 citoyens, qui, lui, délibère dans le calme et qui dit : « Chris Marker, Castoriadis a entraîné le peuple à voter une loi qui est illégitime, il faut le condamner. » On le condamne et la loi est annulée de ce fait.
Ce n’est pas un démos omniscient, et nous, Modernes, nous avons encore, et ça se voit dans mille et un domaines, l’illusion d’un savoir absolu dans la politique. Ça vient de loin. De Hegel, de Marx, de Platon aussi : il y a des gens qui ont une épistémè politique, une science politique et qui peuvent décider. Or ça, c’est faux et les Grecs le savaient et moi je prétends qu’ils avaient raison. C’est-à-dire que c’est bon pour nous aujourd’hui. Il n’y a pas de science politique, sauf au sens universitaire pour décrire la Constitution du Costa Rica, mais ce n’est pas ça qui nous intéresse. Dans la politique nous avons uniquement de la doxa, c’est-à-dire de l’opinion. Il y a bien sûr des opinions meilleures et des opinions moins bonnes, des opinions qui peuvent être argumentées et des opinions qui ne peuvent pas être argumentées.
Mais le débat politique c’est un débat entre opinions. Nous avons l’idée, nous Modernes, qu’il y a des gens qui possèdent une science politique, nous avons aussi l’idée qu’il y a une technicité des affaires politique et de l’État qui fait que le peuple ne peut pas gérer, ne peut pas gouverner, ne peut pas s’auto-gouverner. Or ces deux idées sont fausses parce que la politique, encore une fois, est une question d’opinions et de jugements, et ces opinions et jugements sur les affaires politiques bien entendu, il est évident que tout le monde ne les possède pas au même degré ou qu’il ne les possédera jamais au même degré. Le problème, c’est d’avoir des citoyens qui peuvent décider en connaissance de cause, la plupart du temps entre des opinions différentes, avec des argumentations différentes. Or, pour que les citoyens arrivent à ce point, il faut qu’ils soient éduqués de façon correspondante, d’où l’énorme importance que les Grecs accordaient à ce qu’ils appelaient la paideia, l’élevage, l’éducation de jeunes, qui n’était pas du tout simplement une éducation technique ou une éducation scolaire, qui était au plus profond sens du terme, l’éducation civile.
Tout le but de l’éducation, c’était d’amener cet enfant arrivé à l’âge de 18 ans à faire ses deux ans de ephèbeia, c’est-à-dire de service militaire aux frontières de l’Attique, où il apprenait le métier des armes, parce que tout citoyen était aussi soldat, et après de prêter le serment de la citoyenneté, il faudrait peut-être aussi qu’on y revienne, en étant éduqué pour devenir quelqu’un qui, comme le dit très bien Aristote dans sa définition de qui est citoyen, peut à la fois gouverner et être gouverné. Etre gouverné, dans cette phrase d’Aristote et dans l’esprit grec, ce n’est pas être gouverné comme on gouverne un mulet, ni même, comme aurait dit Aristote, comme on gouverne un esclave que lui considère comme quelqu’un qui ne peut pas décider pour lui. Etre gouverné, c’est être gouverné entre citoyens d’une cité libre. Etre gouverné, c’est pouvoir dire : oui maintenant l’orateur a raison ou il a tort. Il faut voter cette loi ou il ne faut pas la voter.
Donc pour nous, Modernes, il y a toute une tournure de l’éducation sociale qui détourne les gens des affaires publiques et ce n’est pas ces misérables heures d’éducation civique qu’on donne au lycée qui peuvent compenser cela. L’activité politique, c’est comme la nage. On apprend à juger en se lançant dans l’eau, en jugeant et en apprenant et dans la mesure où on maintient les citoyens dans la passivité, bien sûr, on leur apprend à être des citoyens passifs.

mardi 7 août 2012

le Centre d'Alternatives Décroissantes

Merci à Marilou qui, lisant ce blog, me signale un lieu que je ne connais pas. Tout comme elle, n'hésitez pas à me signaler des lieux qui correspondent à ma recherche.
D'avance merci!

Can Decreix - Centre d'Alternatives Décroissance (CAD)

Can Decreix est un nouveau projet, un futur relais, consacré à la décroissance soutenable, c'est à dire moins de production et de la consommation au niveau tant local que sociétal afin de:
- simplifier volontairement nos vies, améliorer notre bien-être et dédier de l'espace aux arts
- la soutenabilité écologique
- réduire la consommation de ressources
- permettre la justice dans le monde
- sortir de la relation monétaire.

Can Decreix est dans un village-frontière entre la France et l’Espagne, entre méditerranée et Pyrenées. C’est aussi une vallée de cactus, des falaises et des plages rocheuses, un croisement d'idiomes (Français, Espagnol et Catalan) et de voyageurs (avec une gare internationale). Le terrain contient trois maisons, 3000 m2 avec des vignes et des oliviers (avec un potentiel de terres disponibles).
Can Decreix est un centre pour explorer, expérimenter et pratiquer l'agriculture biologique et la permaculture, l'éco-construction, les énergies renouvelables, mais aussi pour la recherche et l'activisme autour de la décroissance. Pratiquement cela signifie que nous essayons de cultiver et d'utiliser autant de salades et épices sauvages que possible, développant un jardin et une forêt écologique et dans le même temps construisant un lieu studieux pour penser et écrire sur la décroissance et organiser des réunions avec des auteurs de la décroissance.
Can Decreix est aussi un refuge, ouvert à des visiteurs, et un espace pour accepter et débattre de limites. C'est un espace pour partager, une maison libre de voitures, un projet qui n'entend pas s'approprier de nouveaux territoires vierges.
Nous accueillons des volontaires avec de l'initiative et de l'inspiration pour participer à la récupération des terres, au recyclage des eaux et des matériaux, aux plantations d'arbres, aux jardins potagers, à faire des murs qui respirent, au travail du bois, au développement d'énergie renouvelable, à la réparation de bicyclettes, à la recherche et réflexion sur la décroissance.
Les volontaires s'informeront d'agriculture biologique, d'éco-construction, d'énergie renouvelable, de recherche et activisme autour de la décroissance.
Le temps libre peut être dédié à la mer, à la montagne, et explorant la diversité des cultures alentour en traversant la frontière notamment.


François Schneider
Mobile: +34 6 95 90 78 67

mercredi 1 août 2012

A la recherche d'associations: Mouvement des oasis en tous lieux

Depuis le temps que je cite ce mouvement, je n'ai pas pensé à vous donner le lien: http://www.oasisentouslieux.org

Vous y trouverez  l'accès à la charte, ainsi que la carte de France des différents lieux existants, leurs coordonnées et le lien avec leur site internet. Que du bonheur, tous ces gens qui se sont mis en marche pour changer le monde!